Cher Frère,
Comment vous oublier, comment vous remercier ?
Depuis toujours je garde à l'esprit mille moments
me rappelant votre
souvenir, tantôt drôles, tantôt sportifs,
tantôt musicaux, tantôt
éducatifs.
Comment oublier ces innombrables parties de balle au prisonnier
ou de foot
auxquelles vous étiez systématiquement intégré
comme joueur, arbitre, voire
soigneur... entre les tilleuls de Jeanne d'Arc ?
Comment oublier vos cours de chant du samedi matin en salle
d'étude où à
trois classes de cours moyen en même temps vous saviez
à la fois
sensibiliser à l'art de découvrir sa voix
et son oreille, faire apprendre
des paroles de cantiques que nous savons encore et... discipliner
tout ce
monde moyennant quelques vociférations !? Aussi
vous nous enregistriez, et
même si votre magnétophone se devait d'être
"fermement" manipulé, il resta
comme votre flûte à bec un outil très
utile à l'élaboration d'un canon ou
la justesse d'un demi-ton.
Comment oublier votre éternelle gentillesse, votre
présence animatrice dans
un bus, dans un train de classe de neige ou lors d'une
sortie de "plein air" ?
Comment oublier votre enseignement à notre communion
privée, vos séances de
gymnastique, "Jean petit qui danse" et "Ma serpette est
perdue" ?
Une anecdote m'en appris à votre égard :
En revenant d'un après-midi de ski
de fond lors d'une classe de neige en Haute-Savoie en février
1984, dans le
car, nous nous racontions des blagues et des énigmes.
Vous lançâtes
celle-ci à la cantonade : "Un canard pond un œuf
sur un mur séparant deux
propriétés. A qui appartient l'œuf ?"
Toutes nos réponses vous insatisfairent. Nous devions
trouver facilement.
Et vous m'interpelliez : "Toi oui toi Frédéric
tu devrais vraiment savoir!
Un canard! Enfin!
Cela durait.
"UN CANARD POND UN OEUF" sur un ton plus haut accompagné
d'un regard
courroucé. Vous chauffiez, vous bouillonniez, prenant
à parti les autres
accompagnateurs, laissant encore plus votre auditoire dubitatif.
J'aurai du mettre en évidence que seules les cannes
pondent, étant le seul
élevé dans une ferme.
Ce jour-là est à votre image. Un cœur généreux
et débordant, ces
débordements étant parfois surprenant.
Vous resterez dans nos cœurs et dans nos souvenirs.
Frédéric DESSAUNY
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