Qu'elle paraît loin notre jeunesse quand on évoque
entre copains nos souvenirs scolaires.
En ce printemps 2003, pourtant, une page était définitivement
tournée. L'un de nos profs, ANTOINE MORAND nous avait quittés.
Que de souvenirs croustillants se sont envolés avec sa disparition.
Elève en CAP mécanique auto de 1961 à 62, j'étais
l'un des "disciples" de ce pionnier du Technique à Saint
Jo regroupé. Pionnier en effet puisque avant nous, au nombre de 8 à
l'époque (3ème promotion) la 1ère année comptait
un seul et unique élève, PRUDHOMME. A la 2ème promo,
l'effectif était doublé, suivaient deux vétérans,
PETRACCHI et NOTTO. A l'examen Terminal, l'enjeu était de taille pour
le prof : 100% ou 0% de réussite.
Mais la première année, notre "TOINE" et son unique
auditeur faisaient plus figures de deux collaborateurs complices que hiérarchiquement
dépendants.
"TOINE", c'était le surnom à la fois respectueux et
familier que nous lui avions donné.
Personnage haut en couleur, râleur et renfrogné, sa cuirasse
dissimulait un cur énorme. Sans doute craignait-il de trop se
livrer affaiblissant ainsi son autorité. Bien qu'amusés par
cette attitude factice, nous le respections étant pour nous une référence,
un savoir-faire à la fois authentique et incontestable.
Je me souviens encore des moments où, nous abandonnant quelques instants
pour rejoindre son bureau, la bride était lâchée. Au silence
des premiers instants, une indiscipline fortement anarchique succédait.
Lorsque, par les vitres séparant les ateliers, l'un de nous toisait
sa silhouette claudiquante l'alerte était donnée : "22
le TOINE". A son arrivée, le calme revenu, tout semblait dans
l'ordre. Seules nos mines empourprées nous trahissaient, laissant deviner
l'effervescence passée. Immobile, notre TOINE choisissait au PIF un
suspect et sur un ton presque rieur lui lançait :"c'est plus fort
que toi, t'étais encore en train de faire le C
!".
Visiblement plus à l'aise à l'atelier qu'en cours de techno,
il me reste en mémoire les quelques tentatives périlleuses visant
à nous faire comprendre le fonctionnement de tel ou tel organe mécanique.
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Au tableau, à l'aide d'un croquis minuscule et très dépouillé
"Toine" se lançait dans une énumération fonctionnelle
à la fois abstraite et peu convaincante du genre : "C' pièce
là appuie sur c' pièce là qui entraîne c' pièce
là et ouvre c' pièce là qui vient déplacer c'
pièce là", suivi d'un "vous avez compris?" ne
laissant aucune place à notre interrogation.
Quand certains d'entre nous doutaient, la phrase fatidique était lâchée
et d'un ton un peu agacé : "si vous aviez écouté,
bande d'ânes!
".
Tant de choses, tant de souvenirs restent en nous, élèves parmi
d'autres, et ce n'est pas notre cher camarade Daniel DUMAS, mon compagnon
de route qui me contredira.
Deux choses subsistent : vos grognements familiers et
le ronronnement
bicylindrique de votre chère PANPAN
Adieu TOINE, pardon Monsieur MORAND.
S'il entend de là haut, je le vois prononcer ces paroles : "c'est
plus fort que toi, faut encore que tu dises des conneries!
".
Brel l'avait chanté : "Adieu l'Antoine, on t'aimait bien, c'est
dur de mourir au printemps, tu sais".
Richard LEMAITRE
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Nous vous rappelons la date
de l'Assemblée Générale
Dimanche 7 mars 2004
Son programme :
10H : messe à l'espace Bernadette Soubirous
11H15 : Assemblée Générale
12H00 : apéritif
12H30 : repas-buffet pris en commun
Venez nombreux - l'ambiance est aux retrouvailles
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